COMMUNIQUE DE PRESSE
La faiblesse des actions dans la lutte contre la corruption et les détournements de biens publics menace les efforts de développement au Niger
Niamey le 09 aout 2021- L’application des bonnes pratiques en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption au Niger est une urgence pour consolider les efforts déployés dans la lutte contre les maux qui minent la gestion des biens publics. Les récents rapports publiés sur le Niger relèvent qu’il y a une nécessité absolue de mettre en branle les mécanismes adéquats pour endiguer la corruption et la prédation des deniers publics qui ont tendance à abimer la gestion de l’Etat.
On peut citer, entre autres, les rapports suivants :
- Le rapport général public 2020 de la cour des comptes ;
- Le rapport de synthèse de l’audit de conformité découlant de l’audit des marchés publics et des délégations de service publique de l’année 2020 ;
- Les rapports de la HALCIA et notamment sur les opérations de contrôle des recettes internes de l’état pour la période 2019-2020 ;
- L’affaire dite du Ministère de La Défense ;
- L’affaire de détournements présumés de détournement de fond à la présidence dit affaire Ibou Karadje :
- Les permis miniers et pétroliers notamment la construction du Pipeline Niger – Bénin,
- Affaire de placement des près de 4 Milliards de la SOPAMINE en DAT à Tanadi Sa. ;
- Les concours et recrutements dans la fonction publique et certaines institutions de la République ;
- Les refus des déclarations de biens de certaines personnalités ou fausse déclaration ;
Aussi, nous aimerons attirer l’attention des plus hautes autorités nationales, notamment celle du Président de la République, Monsieur Mohamed BAZOUM, du Procureur Général près de la cour d’appel et l’ensemble des magistrats nigériens sur la nécessité de prendre des actions fortes pour freiner les tentacules inquiétants de la dévastation des deniers publics et des implications rampantes de la corruption au Niger.
Ces actions enjoignent à la prise de mesures coercitives à l’encontre des personnes physiques et/ou morales dans la juste ligne de la loi qui ont été épinglées dans les différents rapports et affaires. Nous encourageons aussi des actions correctives pour relever les différents manquements tout en déployant des initiatives préventives et proactives en vue d’anticiper et prévenir des situations aux conséquences fâcheuses pour l’instauration d’une bonne gouvernance au Niger.
De même nous appelons les autorités nationales à adopter une loi anti-corruption et faciliter l’adhésion du Niger au partenariat pour un gouvernement ouvert.
Nous recommandons d’accorder une attention particulière aux pratiques liées aux marchés publics sur l’ensemble du territoire. Et de mettre en place une communauté de praticiens consacrée à la passation des marchés publics respectueux des principes éthiques et prenant en compte la valeur qualité/prix.
Le Niger devra aussi investir dans la recherche dans le secteur des marchés publics et formuler constamment des recommandations pour son amélioration. Les faits révèlent que les contrats ouverts stimulent la croissance économique et renforcent les systèmes de passation de marchés publics. En effet, les contrats ouverts facilitent la dissémination standardisée des données, clarifient les documents nécessaires au processus contractuel et permettent une analyse plus approfondie des données.
La mise en place des mécanismes de collecte des plaintes des citoyens victimes de la corruption et la protection des dénonciateurs constituent également des gages de bonne gouvernance, en vue de faire prendre au pays sa rampe de développement.
Nous appelons à une forte collaboration avec le secteur privé et la société civile dans la promotion de la redevabilité et la lutte contre la corruption conformément à la Convention des Nations-unies contre la corruption et son mécanisme d’examen, la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption.
Les organes en charge des marchés des publics devront exiger des soumissionnaires de se soumettre aux vérifications sur les antécédents de la société et de ses dirigeants, actionnaires majoritaires et bénéficiaires effectifs ainsi que de divulguer l’identité des propriétaires.
Nous prenons bonne note des engagements réitérés de M. Mohamed BAZOUM, à mener une lutte acharnée contre la corruption. Il reste que des actions fortes de sa part, et le plus tôt possible, contribueront à renforcer l’espérance pour l’avènement d’une gestion publique à même d’enrayer la pauvreté, les inégalités sociales et le gaspillage des ressources publiques.
La bonne gouvernance demeure une condition essentielle pour le développement du Niger et le ton devra nécessairement venir des dirigeants ; lesquels doivent être exemplaires.
En effet, les fraudes aux examens et concours, ne sont-elles pas le reflet de l’image envoyée par les élites à la jeunesse à travers une mauvaise gouvernance caractérisée entre autres par l’exécution de marchés publics sans respect des règles juridiques en la matière et conduisant aux surfacturations, aux mauvaises exécutions des travaux, aux non-fournitures des biens et services payés, aux fournitures de produits défectueux ou ne respectant pas les normes, toutes actions assimilables à de la fraude organisée et entretenue ?
Nous espérons qu’il est encore possible de combattre ces fléaux en vue de doper l’espoir des Nigériens pour l’avènement d’une République solidaire, sociale, égalitaire en vue d’un climat paisible et sensible au développement.
Ont signé Les Organisations de lutte contre la corruption suivante :
Niger Stop Corruption Accountability Lab ROTAB
ADDENA Ligue Nigérienne Contre la Corruption et la Fraude
TRI-NIGER AGIR POUR ETRE
Réseau Nigérien des Journalistes pour l’Intégrité et la Transparence